Encore un zoom ! Et encore un zoom à grande amplitude. J’avoue que si Sigma avait choisi de sortir, en lieu et place de ce 60-600, un 400mm 2.8, un 300-500 F4 (on peut rêver) ou un 600 4, mon niveau d’excitation aurait évidemment été un peu plus haut.
Et puis après, en y réfléchissant bien, je me suis dit que ces 90mm de focale gagnés pouvaient être vraiment intéressants, que ce soit pour le photographe animalier en affût, le photographe de sport en bord de terrain ou le photographe aéro en bout de piste. En effet, ces 90mm permettent de passer d’un cadrage très serré à un plan plutôt large, dans lequel on va pouvoir insérer des éléments de paysage par exemple.
Et puis ensuite, j’ai réfléchi davantage, et je me suis posé une question primordiale : est-ce que cette optique est au niveau des deux versions du 150-600. Réponse à la fin de ce test.
Si on se plonge dans les spécifications, on apprendra que l’opticien japonais use et abuse du magnésium et a créé pour cet objectif une formule optique de vingt-cinq éléments répartis en dix-neuf groupes.
Plus court que le 150-600 Sport d’environ 2 cm et plus long que le 150-600 Contemporary d’un peu moins d’1 cm (longueurs hors pare- soleil), il réussit à être plus léger que le 150-600 S d’une centaine de grammes ! (mais forcément plus lourd que le C d’environ 800 grammes).
Il tient les F4.5 jusque 75mm environ, reste ensuite à F5 jusque 150mm, F5.6 jusque 330mm puis 6.3 jusqu’en bout de range. A titre de comparaison, le 150-600 Sport bascule à F6.3 à 320mm et le C à 390mm.
D’un point de vue fabrication, pas de doute, on est dans la gamme sport : c’est gros, c’est lourd (mais très bien équilibré, on y reviendra). Le genre d’optique qui donne confiance pour faire du terrain. Côté fonctionnalité, on retrouve les habituels switchs de sélection du mode AF, du custom, de la distance de MAP et du stabilisateur. Un peu plus loin sur le fût, le switch lock qui permet de verrouiller le zoom à une certaine focale (on peut bloquer sur l’ensemble des focales incrémentées sur la bague de zoom). Évidemment, il suffit de forcer un peu sur la bague de zooming pour que le verrouillage saute automatiquement, parfait quand on doit réagir vite. On retrouve également comme sur les dernières optiques Sigma le collier de pied et son clic tous les 45°, mais on retrouve surtout sur ce collier une embase au format Arca. Et ça, comment dire…c’est juste parfait. Depuis le temps que je me demande pourquoi, à part Tamron, aucune marque ne s’est décidée à nous sortir ce type de collier de pied. Enfin !
Par contre, je suis très surpris de la longueur du pare-soleil. Comme vous pouvez le remarquer sur les photos, il est très court, et je crains que dans des situations de contre-jour, on se retrouve avec des artefacts sur la photo. Je ne suis pas parvenu pendant mon test à le mettre en défaut (il faut le signaler) mais pour autant je pense qu’il faudra voir sur la durée.
Je note également que Sigma s’obstine à faire des vis de serrage (celle de réglage du collier de pied comme celle de serrage du pare-soleil) longue, longue, trop longue. A l’usage ça peut sembler pratique, facile à utiliser même avec des gants, mais systématiquement ces vis finissent par accrocher à l’intérieur du sac. Autant dire que, dans l’urgence, on en est vite quitte pour devoir forcer légèrement pour sortir son matériel du sac (au risque d’abimer le matos ou de rater une opportunité).
Pour conclure cette partie, on est comme avec les autres produits de la gamme Sport de Sigma devant un très bel objet, et compte tenu de la qualité de fabrication qu’on a pu noter ces dernières années de la part du constructeur, je suis très confiant quant à sa robustesse et son efficacité à long terme. Rajoutons que l’optique est livrée avec 2 bouchons d’objectif (un souple et un dur), une sangle, une housse de transport et la notice qui va bien.
L’optique s’adapte parfaitement à la proxy-photo : le même sujet à MAP mini, d’abord à 60 puis à 600mm.
Ma crainte, avec une formule optique aussi étendue, est que la qualité d’image soit dégradée, notamment aux extrêmes 60 et 600.
Vous vous souvenez de ce que j’ai écrit sur la qualité d’image des 150-600 ? On est ici (presque) dans le même cas de figure. Je reste impressionné par la qualité du piqué de cet objectif, dès la pleine ouverture. Seul la focale extrême de 60mm est un peu en deçà, en particulier dans les coins qui souffrent à PO d’un piqué moyen. Il suffira de fermer d’un clic pour obtenir de meilleurs résultats et un clic de plus permettra d’obtenir des images aussi piquées que sur le reste du range.
Il est clairement très difficile, pour ne pas dire impossible, de distinguer le 150-600 Sport de ce 60-600 Sport, autant dire que la performance est impressionnante.
Concernant la transition de la zone de netteté vers la zone de flou ainsi que le bokeh, on est également extrêmement proche des 150-600. Et je ne pense pas inutile d’ajouter que, si vous cherchez une image avec un bokeh magnifique, des transitions tout en douceur et une zone de netteté razorsharp, vous savez déjà (normalement) que dans la gamme Sigma, il faudra plutôt vous orienter vers le 120-300 Sport ou le 500 Sport.Et l’autofocus dans tout ça ?
N’y allons à nouveau pas par quatre chemins : côté autofocus, le moteur HSM de Sigma fonctionne très bien et manœuvre avec fluidité et efficacité l’imposant bloc optique de cet objectif. On retrouve ici un autofocus complètement comparable au 150-600 S, autant dire qu’il remplit parfaitement sa mission.
Et petite astuce pour ceux qui souhaitent booster davantage l’AF : n’oubliez pas qu’il existe un dock USB Sigma qui permet de créer des réglages custom de l’objectif. On peut notamment faire des micro-réglages ultra soignés (je n’en ai pas eu besoin sur les deux boitiers de mon test, un Canon Eos 5D Mark IV et un Canon Eos 7D Mark II) mais également brider la distance de MAP et booster l’AF pour le forcer à être toujours à pleine vitesse.
Pour répondre à cette question que l’on me pose souvent concernant des longues focales, à savoir « est-ce qu’on peut facilement l’utiliser à main levée ? ». La réponse est « oui, mais pas non plus des heures ».
Oui car cet objectif est bien dimensionné, bien équilibré, les bagues sont larges, fluides, bien positionnées. Le fait de pouvoir zoomer soit via la bague, soit en pompant (une petite gouttière permet de facilement saisir l’optique au bout du fût, juste avant le pare-soleil), permet de l’utiliser sans aucun problème pour, par exemple, suivre des oiseaux qui s’approchent en vol.
Toutefois, 2 kilos 700, c’est lourd, et au bout d’un moment, vous serez content de le poser sur un trépied ou un monopode.
Concernant la stabilisation, elle fait parfaitement son œuvre quel que soit le mode sélectionné. Je me suis même amusé à photographier ce lapin au 5ème de seconde à 6400 iso. L’image manque de piqué mais elle est nette !
Alors, Sigma 150-600 Sport, Sigma 150-600 Contemporary, Sigma 60-600 Sport, quel est le bon choix ? Eh bien je n’ai pas la réponse, ou tout du moins, je n’en ai pas qu’une seule.
Pour faire simple : vous cherchez une optique légère, au rapport qualité / prix imbattable ? Alors le 150-600 C est pour vous.
Vous cherchez une optique capable de résister à la pluie, la boue, que vous allez martyriser sur le terrain, alors vous avez désormais le choix entre le 60-600 et le 150-600 Sport. La seule chose qui vous aidera à vous décider sera de savoir si vous avez besoin des 90mm de focale supplémentaires ! Dans tous les cas, le niveau des super télézooms est aujourd’hui très bon, et il y a peu de chance que vous fassiez le mauvais choix.
Bonus : la même scène à 60 et 600mm. Je continue d’être impressionné par les ranges auxquels nous avons désormais accès !
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