Test terrain du Sigma 150-600mm F5-6.3 S & C

Avec des optiques comme le 120-300mm 2.8 DG OS HSM Sport ou le 50mm 1.4 DG HSM Art, Sigma a démontré ces deux dernières années avec ses nouveaux produits sa capacité à sortir des optiques de très haut niveau, rivalisant sans problème (et dépassant même parfois allègrement) les deux grandes marques.

Il y quelques mois c’est l’annonce du Sigma 150-600mm F5-6.3 HSM OS Sport qui a créé de sérieux remous dans le microcosme des photographes animaliers, les zooms avec des ranges importants ont en général tous le même défaut , à savoir une qualité d’image rarement homogène et l’obligation de fermer de plusieurs crans pour obtenir une image de qualité. Alors forcément, quand on combine les performances des dernières productions de chez Sigma avec cette promesse d’une amplitude de 450mm, on a envie d’en savoir (beaucoup) plus.

Pour savoir exactement ce que ce nouveau 150-600 a dans le ventre, une seule solution: le tester sur le terrain.
 

MISE A JOUR DU 13 SEPTEMBRE 2015

 

Quelques mois après la version Sport de cette optique, Sigma a commencé la distribution d’une version Contemporary. Cette dernière se rapprochant beaucoup de sa grande sœur Sport, plutôt qu’un nouveau test qui risquerait de comporter beaucoup de redites, je vous propose de découvrir, au bas de cette page, un large chapitre consacré aux différences majeures entre les deux objectifs.

Dans le carton

 

Mais avant de partir en affût, place au déballage. Et là, une chose est claire, c’est que, comme avec les optiques dont je parlais plus haut, on est face à un superbe objet, les matériaux sont flatteurs, l’assemblage est parfait, les finitions sont superbes. L’amateur de bel objet va être comblé. Le pare-soleil est à lui seul un exemple parfait du design et de l’usinage de haut niveau, les formes, la gravure, la matière (d’ailleurs on en reparlera un peu plus bas), on est proche de la perfection. Vous l’aurez compris, en ce qui concerne fabrication et finition, cette optique est à mille lieues des précédents zooms Sigma (hormis le 120-300 appartenant à la même gamme), et clairement très supérieur à son concurrent direct qu’est le Tamron 150-600mm. A noter d’ailleurs à ce chapitre le fait que l’optique est tropicalisée, c’est à dire qu’elle est résistante à la poussière et à l’eau ! Même si l’on peut facilement trouver sur le web une vidéo d’un 150-600mm sous une douche d’eau, rappelons qu’il vaut mieux être prudent et éviter de prendre trop de risques.

Maintenant que le tour de l’objectif est fait, direction le terrain.

Photo 150-600

Ergonomie

 

Et c’est donc la prise en main de l’objectif qui va entraîner une première critique, directement en corrélation avec la fabrication de l’engin : c’est beau, c’est visiblement costaud, mais c’est lourd ! 2.86 kilos , on n’a pas l’habitude sur ce genre d’engin d’un tel poids, on paie ici le poids des matériaux, à savoir beaucoup de métal et des lentilles de plus grandes dimensions que sur les optiques concurrentes. Je vantais auparavant le pare-soleil pour ses qualités, son défaut du coup, est son poids, dommage de ne pas avoir choisi une autre matière pour parvenir à rogner un peu dans ces presque 3 kilos (notons au passage que j’avais déjà fait cette critique il y a un an à propos du 120-300 2.8, dommage, les ingénieurs Sigma ne m’ont pas suivi!). Autre point à la fois positif et négatif, le faible espace disponible entre le fût et la poignée de pied. Ce faible espacement sera bénéfique lorsqu’on cherchera à baisser au maximum la hauteur de son matériel (par exemple pour des prises de vues au raz du sol sur trépied) mais il sera problématique pour transporter l’objectif en billebaude, en effet même le possesseur de petites mains trouvera l’espace étriqué pour peu qu’il porte des gants. Au vu du système de fixation à 4 vis, nous verrons peut-être dans l’avenir des constructeurs tiers sortir des poignées compatibles, à suivre.

Attardons-nous maintenant sur le panneau de commandes, fort bien fourni : réglage de la stabilisation, de l’autofocus, de la distance de mise au point, des réglages personnalisés (cf le test du 120-300 pour en savoir plus), rien ne manque. On notera également la présence d’un bouton permettant de verrouiller l’objectif sur une focale particulière, intéressant en affût et juste indispensable en déplacement pour verrouiller l’objectif et être sûr de disposer de la focale qu’on a choisi dès que l’on en a besoin. Les deux bagues de réglages sont de belles dimensions et tombent donc bien sous la main, la bague de mise au point est parfaitement fluide. La bague de réglage de zoom est fluide également mais, du fait du poids du bloc optique, parfois un peu dure à tourner, ceci peut parfois être gênant, en particulier quand on vise le sol et qu’on cherche à dézoomer ou quand l’objectif est perdu sous quelques épaisseurs de filet de camouflage.

 

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OS & HSM

 

Lorsqu’on met l’œil dans le viseur, on constate l’effet de la stabilisation (OS) qui, c’est à noter, est particulièrement silencieuse et plutôt efficace. Même si jusque 500mm j’ai trouvé la stabilisation très efficace, je suis un peu plus circonspect pour la focale extrême. En effet, et même si la stabilisation a sauvé des images à des vitesses lentes pour 600mm (testé au 80ème de seconde), j’ai trouvé que la stabilisation de la visée ne permettait pas le même confort de prise de vue que celui que je constate avec mon 500mm IS. On peut également noter que la stabilisation propose un mode « filé »: une fois le mode 2 sélectionné via l’interrupteur, l’objectif détecte la translation verticale ou horizontale et optimise son fonctionnement pour suivre la cible. Je n’ai pas eu l’occasion de tester en profondeur ce mode mais pour des images de mammifère en course par faible lumière ce doit être intéressant.

L’autofocus (HSM) est véloce et précis : testé sur des sujets particulièrement remuants, les rares fois où la mise au point n’était pas bonne étaient davantage liées aux réflexes du photographe qu’à la qualité du module AF. Les multiples choix donnés par le tableau de commandes joueront également sur la rapidité de l’autofocus (en particulier le réglage de la distance de mise au point), idem pour le réglage des modes personnalisés qui permettront d’affiner encore en fonction de ses besoins.

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500mm F8

 

Qualité d’image

 

 Après la construction et la prise en main, abordons maintenant le sujet qui intéressera le plus grand nombre de photographes, la qualité d’image . Comme je l’écrivais plus haut, les zooms à forte amplitude souffrent en général d’un problème gênant qui est leur manque de piqué à pleine ouverture. Alors que cette dernière est souvent déjà élevée, le fait de devoir fermer parfois de plusieurs crans réduit les possibilités de prise de vue en faible lumière.L’ouverture à fond de zoom de ce 150-600 étant de F6.3, on se dit d’emblée que s’il faut fermer à 8 pour avoir une bonne image, cela va sérieusement limiter l’usage des focales extrêmes (l’ouverture bascule à 6.3 dès 400mm), à moins de disposer d’un boîtier permettant de monter très haut en iso.

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 260mm F5.6

 

 Comme je n’aime pas le suspens, je vais dès à présent déflorer le sujet : dès la pleine ouverture, les images sont piquées sur tout le range. De 150 à 450mm, le piqué est très bon dès la pleine ouverture, de 450 à 600mm il est bon à PO et devient très bon en fermant d’un seul cran. Pour un super télézoom, c’est vraiment très impressionnant, et je vous renvoie vers les crops présentés sur cette page pour vous en convaincre si besoin. Cette qualité optique permet donc de garder le diaph ouvert au maximum et de garder un bokeh homogène.

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Concernant le bokeh, même si on n’atteint pas le niveau d’une longue focale à grande ouverture, je le trouve plutôt esthétique, chacun se fera une opinion via les images accompagnant ce test. Afin de vous donner une idée du range et du piqué à pleine ouverture, vous trouverez à la fin de cette page une série d’images réalisées sur un même sujet.

Verdier d'Europe-110115-2556
459mm F6.3

 

Pour conclure,

 

et je pense que mon opinion transparaît assez largement des lignes qui précédent, ce 150-600mm est, pour moi, le meilleur super télézoom disponible sur le marché, et si ses inconvénients (ouverture, poids et, évidemment, son prix) n’en sont pas pour vous, alors je ne saurais que trop vous conseiller d’en faire votre partenaire d’affût, je ne doute pas qu’il accompagnera bon nombre de photographes animaliers sur le terrain, pour leur plus grand bonheur.

Mise à jour du 23/02/2015 : j’ai donné mon opinion sur la poignée de l’objectif et j’indiquais attendre avec curiosité que des constructeurs mettent au point une poignée de remplacement. Je n’ai pas dû être le seul à relever ce petit défaut, car Sigma a depuis annoncé une nouvelle poignée. Celle-ci (bien qu’un peu longue à mon goût), permet une prise en main meilleure et, surtout, est usinée pour être montée directement sur une rotule au format Arca. Une seule chose à dire : bravo Sigma !

Mise à jour du 13/09/2015 : où l’on parle du Sigma 150-600 F5-6.3 DG OS HSM Contemporary. Après cette review plus que positive concernant la version Sport, on peut se demander quelles peuvent bien être les raisons de s’orienter vers la version Contemporary, si on excepte bien sûr la différence de prix. Pour commencer, intéressons-nous donc aux différences de fonctionnalités entre les deux optiques : elles sont d’abord ergonomiques : le collier de pied de la version C est très (trop) petit, pas pratique du tout pour le portage, j’aurais même envie de dire que c’est encore pire que le collier de pied trop proche du fût de la version S. Concernant les bagues, à l’usage la bague de MAP de la version S, bien plus large et au grip plus marqué est sans commune mesure avec la bague, très fine, de la version C. Pour ce qui est de la construction en elle-même, il est important de noter que la version C ne dispose que d’un joint au niveau de la monture quand la version S est elle annoncée comme complètement tropicalisée, sur le terrain, le fait de savoir qu’on ne risque pas de noyer son matériel à la moindre averse est un point qui compte. Concernant l’ouverture, il peut aussi être intéressant de noter que l’on passe à F6.3 dès 320 mm sur la version C versus 380 mm pour la version S. Du coup, est-il judicieux de s’intéresser à la version C, qui a priori n’a pour elle que son prix ? La réponse est clairement oui, tout simplement parce qu’elle n’a pas que ça pour elle ! Avant tout, il y a son poids : avec 1 kg de moins, la version C est bien plus confortable à utiliser à main levée, et du coup, même si la stabilisation est la même sur les deux optiques, elle semble plus efficace sur le poids léger que sur le poids lourd. Vous noterez que je n’ai pas évoqué la qualité optique : tout simplement car je n’ai noté aucune différence flagrante en terme de piqué et de bokeh entre les deux objectifs, malgré les 4 lentilles supplémentaires de la formule optique de la version S. Idem pour la réactivité, les deux objectifs sont rapides et constants. Du coup, quelle optique choisir ? Tout va dépendre, comme toujours, de vos besoins réels (si on oublie le facteur prix) : le baroudeur soumis à une météo changeante qui n’a pas peur d’une optique de 3 kilos peut foncer vers la version S, celui qui n’aura pas forcément besoin d’une optique construite comme un tank (même si, attention, la version C n’a pas à rougir en ce qui concerne les matériaux et l’assemblage) et préfèrera limiter le poids de son sac peut lui se diriger sereinement vers la version C.

Dans un cas comme dans l’autre, le risque d’être déçu en achetant un ultra télé zoom n’a jamais été aussi proche de 0.

Toutes les caractéristiques détaillées des objectifs sont disponibles sur le site de Sigma en cliquant ici pour la version S et pour la version C.

 

Une vidéo détaillant les fonctionnalités de la version Sport (réalisée par Sigma) est visible ici.


 
 
CompaFocale150-600
 
cropfocale150600
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