Si je vous dit Floride, vous allez immédiatement penser Miami Beach, Cap Canaveral, Disney World à Orlando et, inévitablement, aux Everglades. Les Everglades, évidemment j’y ai pensé également quand j’ai commencé à préparer le projet de découvrir cet Etat américain sous le spectre de la photographie animalière. Mais mes recherches m’ont rapidement fait comprendre que les Glades ne seraient qu’une partie des spots indispensable à visiter. Le centre de la Floride, le Golf du Mexique et même les abords directs de certaines des grandes villes de Floride sont autant d’endroits au sein desquels la vie sauvage se laisse observer. Je vous propose donc de découvrir la faune floridienne, en oubliant pas évidemment les incontournables alligators.

Avant de commencer, rappelons qu’aux Etats Unis, l’accès à chaque Parc National fait l’objet d’un prix d’entrée. Ces entrées sont en général valables une journée et ne coûtent que quelques dollars, mais une entrée dans les Everglades est par contre valable 7 jours et coûte la bagatelle de 25 dollars (par voiture). A ne pas oublier d’inclure au budget au moment de la préparation du voyage (intéressez-vous d’ailleurs au pass « America The Beautifull » qui permet pour 80€ un accès annuel pour 4 personnes dans tous les parcs nationaux (mais pas les parcs d’Etats)). Avantage de cette entrée payante, je n’ai jamais vu de parc sans espace sanitaire à l’entrée, pratique en général, indispensable si vous voyages avec des enfants !

Précisons également que le choix de la période est particulièrement important lorsqu’on prépare un voyage en Floride : l’été est une période particulièrement humide et chaude, l’hiver est par contre plus doux (voir frais) et sec. Voyager en février / mars donnera du coup l’occasion de photographier sous un beau ciel bleu des comportements d’oiseaux que l’on observe normalement chez nous uniquement au printemps : parades, accouplements et même nourrissages des premiers jeunes ne sont pas rares.

Le centre de la Floride – Marais et forêts

C’est dans un premier temps à la zone centrale de la Floride que je vous propose de nous intéresser. Méconnu, cette zone vaut largement le détour : les forêts aux arbres recouverts de mousse succèdent aux lacs (le lac Okeechobee est le second plus grand lac des Etats Unis). On trouvera dans le centre de la Floride des écosystèmes très proches de ceux de certaines zones des Everglades et les premiers alligators commencent à apparaissent aux détours des chemins.

On se rend également rapidement compte que la Floride est le territoire d’un rapace en particulier : le balbuzard pêcheur. Un vaste programme d’aide à la nidification du balbuzard se déroule depuis de nombreuses années en Floride et on croise très régulièrement, dans tout le territoire, des plates-formes visant à accueillir le nid des rapaces.

Les premiers oiseaux apparaissent également, que l’on retrouvera régulièrement tout au long de notre périple : aigrette neigeuse, ibis blanc, anhinga d’Amérique et grand héron se laisse facilement photographier. Pour l’observateur venant d’Europe, la tolérance qu’ont les animaux à notre encontre reste toujours fantastique.

Mais que les animaux soient peu farouches ne veut pas obligatoirement dire que l’on réalisera plus facilement des bonnes images. Le leitmotiv du photographe animalier : patience, connaissance de l’espèce et anticipation, reste de mise. Les Parcs Nationaux nord-américains sont également des zones fortement balisées et l’on ne peut pas systématiquement s’y promener à sa guise, il est même plutôt mal venu de sortir des sentiers.

 Les cotes du Golfe du Mexique – Sable blanc et mer turquoise

Tout le monde a déjà vu une carte postale dans laquelle une mer turquoise succède à une plage de sable blanc, le tout sous un magnifique ciel bleu. Cette carte postale, c’est le paysage dans lequel on évolue lorsqu’on parcourt les plages qui bordent le golfe du Mexique. De nombreux parcs protègent ces espaces, et les baigneurs, surfeurs et plagistes se partagent en bonne intelligence les espaces avec les touristes, randonneurs et observateurs de la faune (sans oublier les ramasseurs de coquillages !).

Ce sont tout particulièrement deux familles d’oiseaux qui sont reines en ce domaine. Le long des plages et dans les lagons à proximité, ce sont les ardéidés que l’on trouve en nombre.

C’est tout particulièrement la diversité en termes d’espèces d’aigrettes qui impressionne : grande aigrette, aigrette neigeuse, aigrette bleue, aigrette roussâtre et aigrette tricolores se rencontrent régulièrement. Je pourrai passer des heures à observer leurs différentes techniques de pêche, entre l’affût patient de la grande aigrette et les déplacements frénétiques de l’aigrette roussâtre, chaque scène mérite son lot d’images.

Mais à quelques mètres plus au large, c’est un autre oiseau qui fait son show. Le pélican brun, avec ses 2 mètres d’envergure, n’est pas à proprement parler un petit oiseau ! Passé son plumage particulièrement photogénique, c’est la technique de chasse du pélican qui m’a poussé à lui accorder de longues heures d’observation et de prise de vue. Pour pêcher, le pélican utilise une technique relativement similaire, au départ, à celle utilisée par les fous de Bassan. Après avoir repéré une zone poissonneuse, le pélican, depuis une altitude de quelques mètres, replie ses ailes afin d’adopter une position aérodynamique, puis plonge dans l’eau. La plongée se veut peu profonde, et l’oiseau, au moment du choc, capture sa proie dans sa poche. De nombreux autres oiseaux ont également compris que les pélicans étaient de bons pêcheurs, et il n’est pas rare de voir les mouettes les harceler, dans les secondes qui suivent la plongée, afin de tenter de les faire recracher leurs proies pour les leur voler.

Les laridés ne sont pas rares ici et un tout particulièrement mérite de l’attention.

Le bec en ciseaux noir est une espèce d’oiseaux de mer de taille moyenne dont la spécificité tient au fait que son bec, de grande taille, dispose d’une mandibule inférieure plus longue que la supérieure. Pour chasser, les becs en ciseaux noir volent au ras de l’eau en y plongeant, bec ouvert, sa mandibule inférieur, et capture tout ce qui passe à sa portée.

Et c’est au sein même des villes, dans certaines banlieues calmes; que l’on peut observer une des espèces de rapaces nocturnes au comportement des plus curieux. En se promenant dans les rues, on tombe ainsi sur un petit périmètre d’herbe ou de gazon, délimité par 4 piquets reliés par un ruban de balisage. Au centre de ce carré, un amas de terre et de sable trahissent l’emplacement d’un terrier fraîchement creusé. Ce terrier, c’est une chouette qui l’occupe : la chevêche des terriers. Très proche de notre chevêche d’Athéna, c’est essentiellement dans ce curieux logement que réside la différence avec sa cousine Européenne !

Les Everglades – Mangroves, marécages et cyprès

Dans le sud de la Floride, les Everglades sont la zone naturelle incontournable. De plus de 6000km² et comptant pas loin d’un million de visiteurs par an, le Parc National des Everglades a été créé avant tout pour protéger son écosystème. Il abrite notamment de nombreuses espèces considérées aujourd’hui comme menacée, tel que le lamantin des Caraïbes ou la panthère de Floride (cousine du puma d’Amérique). Avec plus de 350 espèces d’oiseaux, 40 espèces de mammifères et 50 espèces de reptiles, la richesse faunique des Glades est incontestable.

En hiver, les Everglades sont particulièrement secs et les niveaux d’eau bas poussent les animaux à se concentrer dans les zones encore humide, cela facilite donc d’autant leur observation. Talèves violacée, anhinga d’Amérique, grand héron et alligators sont les stars de l’endroit.

Observer les alligators est chronophage, mais le photographe patient sera potentiellement gratifié de comportements finalement peu photographiés, tels que les séances de pêches en groupe des alligators. Plusieurs animaux se regroupent dans une zone poissonneuse et on assiste là à une succession de plongeant : les reptiles sortent largement la tête de l’eau avant de l’y replonger brutalement afin de capturer les proies se trouvant sur leur chemins, le tout avec force éclaboussures.

Plus haut dans les arbres, de nombreux oiseaux sont présent, cardinal rouge, parulines diverses et carouge à épaulette sont les passereaux les plus communs. Plus grandes, les chouettes rayées et les buses à épaulettes sont également observables en nombre, mais sont toutefois plus discrètes.

Quel matériel ?

En ce qui concerne le matériel, l’intégralité des images de faune de cet article ont été réalisées avec un Canon EF 200-400 F4L IS USM EXT, les paysages avec un Sigma 12-24 F4 DG HSM Art. Compte tenu des distances très variables à laquelle on peut observer les animaux et surtout, compte tenu du fait que les paysages sont souvent très esthétiques, l’usage d’un zoom apporte un confort très appréciable pour inscrire son sujet dans un cadre plus large.

La Floride, une chose est sûre, laissera un souvenir impérissable à celui qui la visitera, et il ne fait aucun doute que je revisiterai dans l’avenir l’ensemble de son territoire.

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